Courage

Un taverne louche dans Forgefer.
Le genre de taverne où il ne vaut mieux pas trop s'interroger sur les taches qui maculent le sol. Ni sur les traces de haches dans les murs.
Mais aussi le genre de taverne où on peut s'assoir tranquille pour réfléchir.
Parce que là, il faut que je réfléchisse.
Et c'est pas facile...
C'est pas que je sois plus bête qu'un autre, vous savez...
C'est juste que...
C'est tellement plus facile de tout oublier et de laisser le voile rouge de la rage monter.
La rage...
Pour celui qui ne connait pas, c'est difficile à comprendre.
Imaginez...
Imaginez que peu à peu vous vous perdiez dans un océan rouge sang.
Et que plus vous vous enfoncez, moins le reste n'a d'importance. Les blessures, les peines, les souvenirs...
Tout disparaît, petit à petit. Il ne reste plus que cette colère, cette energie qui ne demande qu'à jaillir en un tourbillon de chair et d'acier.
Et à chaque fois que l'energie s'éteint, vous vous retrouvez seul. Au milieu d'une marre rouge sang et des cadavres de vos ennemis...
Enfin...
Ca devait être des ennemis, sinon vous ne les auriez pas attaqué, n'est ca pas?
N'est ce pas?
Et c'est là que les souvenirs reviennent...
La peine...
Les blessures...
Et le seul moyen de les faires disparaitre, c'est un nouveau bain de sang.

Bah...
Les gens disent que je suis un tueur mais ils me respectent. Ils savent que je tue pour les protéger!
Enfin...
J'essaye...
Jusqu'à ce qu'un jour je retrouve de nouveau un visage connu parmis les corps de mes ennemis...
Mais je me contrôle! J'ai appris à ne pas plus me laisser entièrement emporter!
Mais la tentation est forte...

Les gens disent que c'est à force de se prendre des coups sur le crâne que je suis devenu comme ça. C'est faux.
C'est pas mon genre. Moi je suis pas maso. Je suis pas comme l'autre illuminé de Belrin!
Belrin...

C'est à cause de lui tout ça...
A cause de lui que je dois réfléchir.
Depuis des années je vis seul, évitant soigneusement de me faire des amis, pour évier un nouvel "accident"...

Mais l'autre lumineux il me dit que je ne devrais pas.
Qu'il m'a observé et que "la lumière guide mes pas" ou une autre bêtise du genre.
Il me dit qu'un jour je me souviendrais de ma vie d'avant.
Du vol des gryphons sur les hinterlands.
Du vent sur mon visage.

Hier j'ai traversé le Portail.
Hier, pour la première fois depuis des années j'ai repris les rênes d'un gryphon.
Hier, je me suis souvenu.
Hier, je me suis senti seul...
Il avait raison, l'autre pafin.
Salaud...

Alors depuis je réfléchi.
Et j'essaye de trouver du courage.
Le courage de vous demander de bien vouloir m'accepter.

"Aigle Belrin, le Gardien vous demande dans la salle du Conseil."

La voix de la sentinelle Wildhammer sortit Belrin de sa meditation, alors qu'il repensait au combat dans le repaire d'Onixia, aux flammes, a la chaleur de son bouclier... Les brulures sur ses mains en portaient encore les marques, mais les soins de Synagoga avaient deja porte leurs fruits. Il n'y avait plus de douleur, deja...

Belrin se dirigea vers la salle, suivant machinalement la sentinelle.

"Gardien, tu m'as fait demande ?"
"J'ai recu cette etrange parchemin. Ton nom y est mentionne. Un certain Materim, tu connais ?"

Belrin reflechit quelques instants...

Materim, Materim... Ca faisait longtemps qu'il attendait... Il avait porte bien des noms, Le Sanguinaire, Le Boucher... Belrin l'avait connu avant le depart pour la Porte des Tenebres, enfin le premier depart... Un membre du clan, qui avait perdu sa voie, se laissant dominer par la violence des combats... Ca avait l'air d'etre comme une drogue pour lui... Ils etaient amis, lors de leur enfance...

Belrin l'avait recroise lors de son pelerinage. Il avait eu du mal a le reconnaitre, il paraissait n'etre qu'un mendiant ivrogne... Ils avaient parle, du passe surtout. Materim n'etait pas tres causant, comme si chaque souvenir etait une epreuve, une douleur. Belrin lui avait fait part des epreuves qu'il avait lui-meme traversees, disparu en Outreterre avec les autres. Son instinct lui disait qu'il y avait quelque chose de bon encore chez Materim, il le lui fit savoir...

Si le Gardien avait un tel parchemin, c'est qu'il etait possible que Materim ait repris le controle de lui-meme, et essayait de reprendre contact avec ses origines... Ca ne pouvait que lui etre benefique.

"Materim Fiertonneau? De la famille Fiertonneau. Oui, je le connais, pourquoi?"

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/hrp: Je laisse au Gardien le soin de prendre contact avec toi en jeu.

Durandill observa attentivement l'expression de Belrin quand il prononça le nom de Materim. Il ne répondit pas tout de suite à la question du paladin.

"Fiertonneau... Dis moi, quel genre de nain est ce Materim? Peut-on se fier à lui?"

Il tenait toujours le parchemin à la main, mais ne quittait pas Belrin des yeux. Alors que même au plus fort du combat, il aimait à plaisanter, le Gardien du Nid était en ce moment d'un sérieux inhabituel.

"Materim est un guerrier, il sait manier les armes. A ce que j'ai compris, il s'est parfois laisser emporter par une rage combattante sur les champs de bataille... Qui d'entre nous peut se vanter d'avoir toujours pu garder son sang froid dans certaines situations ? Il lutte pour ameliorer son controle sur soi, c'est la qu'est son vrai combat aujourd'hui. S'il fait un pas pour retrouver ses racines aujourd'hui, je pense sincerement que nous devons lui donner une chance. Jamais nous ne laissons derriere nous l'un des notres sur les champs de bataille, alors je pense que nous ne devons pas le laisser seul dans ce combat."

Belrin avait dit ces mots avec sa franchise caracteristique.

"Le mieux serait peut-etre que tu puisses en parler directement avec lui?"

Durandill écouta attentivement Belrin, le visage impassible. Il appréciait la franchise du paladin.

"Tu as entièrement raison. Je vais le rencontrer."