Ysengrimm était assis dans la grande salle du conseil des Aigles, son attention toute dédiée à ces livres qu’il aimait tant : la poésie, les légendes et les hauts faits d’armes… Tous ses livres éveillaient en lui la nostalgie des jours passés… ces jours de solitude bien avant que Frère Thoas, à l’époque, vienne à sa rencontre pour faire de lui un Aigle.
Un vent frais s’engouffra par la cheminée, faisant un temps vaciller les flammes aussi brûlantes que celle d’une forge. Ysengrimm tira un long moment sur sa pipe et ferma les yeux pour mieux apprécier ce vent froid qui glissa le long de sa barbe. Ce souffle des montagnes qui lui rappelait tant de souvenirs… un temps durant, il se mit à songer, les bribes de son passé revenant petit à petit à son esprit…
Les montagnes, la neige, le chant du vent entre les cimes de glaces… Khaz Modan. La vie était belle est tranquille en ce temps loin des soucis, dans l’ignorance de la jeunesse. Aramgrimm avait veillé longtemps à ne pas parler des conflits à Ysengrimm son fils. Peut être par peur que le jeune nain s’enrôle dans la garde royal comme son oncle et nombre des membres de sa famille ou peut être, simplement, pour épargner le jeune nain des visions de cauchemars qui hantaient ses nuits depuis tant de temps.
Nul ne le sera jamais… Ysengrimm accompagnait son père où qu’il aille. Il appris à ses cotés la chasse et les secrets des métaux, la lecture et l’écriture tout ce qu’un nain se doit de savoir pour vivre tranquillement. Chaque semaine la petite famille se rendait à Forgefer pour vendre les nombreuses peaux et le minerai qu’il avait pu extraire à force de sueur. Chacune de ses visites à la capitale était un moment de rêves pour le jeune nain. Il y voyait tous ces braves en armure, le bruit des forges et des cornes d’appel le berçaient aussi sûrement que le chant des loups la nuit. Cependant et en secret, Ysengrimm se plaisait à se perdre dans la grande bibliothèque de la cité afin de nourrir une autre passion : les écrits de légendes et le verbe.
Il se prit à rêver d’aventure, de trésors plus grands que tout le minerai qu’il pouvait trouver, de la lumière et de son combat contre l’ombre.
Chaque retour dans la maison familiale était un moment de tension, Ysengrimm posait foule de questions à son père qui lui refusait toutes réponses, comme si les douleurs du passé que le vieux nain éprouvait le laissaient sans voix. Pourtant les années passant les demandes du jeune nain se faisaient de plus en plus présentes. Tout ce qu’Ysengrimm réussit à arracher, plus durement que du thorium, à son père Aramgrimm fut ces quelques mots qui raisonnent encore aujourd’hui dans le cœur du paladin : La famille et l’Amour, mon fils, sont des défenses plus solides et immuables que les montagnes les plus anciennes, ne les négliges jamais ou tu finiras dans l’ombre tout comme moi.
Ysengrimm reprit ses esprits sur ces derniers songes. Il avait à chaque fois l’impression que son père lui parlait comme pour ne jamais lui faire oublier le poids de ses maux qui le rongeaient…
Le paladin ramassa le livre qui avait glissé à ses pieds et de l’autre main son sac aux cotés duquel pendait fièrement son marteau runique…
Hum… Il est temps d’aller prêcher un peu ; au nom du clan, au nom de ce que j’aime, que la lumière m’accorde la force de les défendre!