Un seul être vous manque...

Thoas regardait au loin ce ciel sombre d'où tombent ces boules de feu, le ciel de la Vallée d'Ombrelune, la terre des démons, du Temple Noir et des dragons du néant.

Une main aux doigts longs et fins vînt se poser sur l'épaule du nain

- Je vous remercie de votre soutien, mon ami.

- Mum...

Un coup de vent sentant la cendre vînt plaquer les longs cheveux du nain sur son visage, qu'il écarta d'un mouvement de la main.

- Thoas...

- Taisez-vous Thelis, quelle est cette mission dont vous vouliez me parler, pourquoi tant de tapage alors que je viens à peine de m'unir à la naine que j'aime ?

Thoas se retourna vers un elfe à la peau blanche et aux cheveux d'or, habillé d'une robe de mage rouge, l'arcaniste Thelis baissa la tête vers les sacs étendus au sol.

- Je crois que...que vous devriez tout d'abord écrire à vos proches...

Truk essuyait son éternelle chope sale, lorsque son regard se fixa sur une petite soulhouette aux nattes brunes.

- Eh, ma p'tite dame, j'ai une lettre pour vous, ça vient en express de l'Outreterre.

Le nain à la barbe touffue se pencha sous son comptoir pour tendre en l'air une enveloppe marron cachetée d'un marteau.

Truk pose l'enveloppe sur le comptoir et la glisse vers la naine.

- D'puis c'te matin m'dame, mais je n'sais pas d'qui elle est c'te lettre, ya pas d'expéditeur...

Le nain remarque le sceau

...mais c'doit être un des nôtres ma belle !

Citation :

Ma petite fée,

C'est le coeur serré que j'ai dû quitter notre petit nid, en effet, j'ai eu très peu de temps pour préparer mon départ, même pas le temps de te glisser un petit mot...
J'ai été chargé d'une mission d'une extrème importance par ces elfes pâles, les Clairvoyants.
Un ami, un arcaniste du nom de Thelis a besoin de mes services en Ombrelune, je crois que c'est très important, ma mission aurait un rapport direct avec le Temple Noir, j'espère mettre une fois pour toute un terme aux assauts sur notre bastion de cette vallée. Ce ne sera pas tache facile, mais une rumeur circule sur l'existance d'un médaillon me permettant d'ouvrir les portes du temple, le médaillon de Karabor.
J'ai déjà un début de piste, je t'en dirais plus à ma prochaine lettre, cette terre est maléfique, le vent sent la poudre, le ciel est sombre comme l'ébène, seules d'énormes boules de feu parviennent à éclairer les nuages, ça pue la mort ici, les démons...

Mais je reviendrais, je te le promets...

Ta nourriture me manque, ici on saute facilement quelques repas pour se rationner. D'ailleurs, je crois que les nains ici sont devenus un peu fous, ils se lancent des masses dans la tête pour e distraire, ces fous de guerre me font penser à Fili...
L'état de la forterresse se dégrade de jour en jour, pourtant les nains tiennent bon, ils semblent tous si heureux de vivre, il me semble qu'ils considèrent tous ces combats comme un jeu, ça me fait peur de voir ça, mais ça me rassure aussi parfois. Comme quoi la race naine est elle même un mur infranchissable, et ça me donne de grands espoirs concernant la survie de l'Alliance et de notre patrie.

Je regarde souvent la bague à mon doigt, je repense alors à tes nattes, à ton sourire, à nous...
C'est fou ce que j'ai l'impression d'avoir oublié de faire avant de partir...

Je sais que cette lettre te semblera assez décousue, j'ai moi même les idées peu claires ici, j'espère que ça passera car je vais avoir besoin de toute ma lucidité sur ces terres.

Tu me manques...


Thoas Wildhammer, Haut-Thane du clan Wildhammer.

Citation :

Ma petite fée,

C'est avec empressement que je m'acquitte de la tâche que l'arcaniste m'a donné.

La piste qu'il a pu me donner s'est avéré payante, je devais récupérer une missive d'un certain Akama sur un de ces lieutenants stationné à Baa'ri, d'anciennes ruines situées à proximité du Temple Noir...

Je chevauchais alors mon griffon en direction du nord, puis, survolant la zone en vol stationnaire, j'ai pu alors localiser ma cible, un roué caché sur une terrasse, tranquillement installé derrière moult gardes.
Une analyse rapide me permis de noter cependant une faille importante dans leur dispositif de protection, la terrasse elle même...à ciel ouvert...
Je prononçais tout de suite les mots qui fallait à mon fidèle compagnon à plumes pour le faire fondre sur sa proie, un malheureux garde, roué lui aussi, seulement armé d'un bâton, s'était isolé pour fumer ce qui semblait être de la feuillerêve. S'il savait qu'il est interdit d'en consommer dns les lieux publiques de certains pays...
Bref, attaquant par les airs, je sautais de mon griffon qui n'avait pas encore attérit, dégainais ma masse pour en asséner un bon coup derrière le crâne chauve qui laissait maintenant couler un peu de liquide azur (peut-être leur sang, vas savoir...). J'attérissais sveltement sur mes petits pieds (mon agilité légendaire...) le regard plein de défis, alors que je laissais au pauvre le temps de comprendre ce qui lui arrivait. Mais le temps que, encore agenouillé, il me fit volte face, je lui mis un dernier coup de masse en plein dns la tempe, il s'effondra sur le coup.

Cette terrasse était bien pratique finalement, elle devenait mon arme principale en me permettant de me faufiler jusqu'à cet individu qui lisait justement une lettre devant moi.
Quelle aubaine, sa lecture lui prenait toute son attention, d'autant plus que mon corps est fait pour la filature (mais si, tu sais bien...), il est aisé pour moi de me cacher dans l'ombre, mais là, pas d'ombre...
C'est comme ça qu'il m'apperçu alors qu'il relevait la tête.



Il faisait bien six mêtres de haut (il était grand en tout cas...), et mon sang ne fit qu'un tour quand les charbons ardents qui lui servaient sans doute d'organes visuels se tournèrent vers moi et qu'il dégainait son ENORME masse !
Je sais que tu n'aimes pas ça, mais je dûs faire vite et bien, je lui ai jeté une malédiction, une douleur intense à la tête, les migraines c'est le mal...
Fou de colère, il se jetait sur moi alors que, stratégiquement, je me repliais. C'est dommage, je ne pus d'ailleurs trouver aucun témoin de cet acte héroïque...
En plus d'être grand et fort comme un buffle, cet Oronu était fourbe, je ne sais pas comment il s'y était pris, mais il a réussi à déplacer ma robe de combat dans mes pieds, le sournois !
Au sol, j'essayais désespéremment de me relever, me croyant perdu. Mais j'avais LARGEMENT le temps de me relever (en fin de compte...) et de me protéger derrière mon boucier psychique. C'est en faisant ensuite appel à nos prières sacrées que j'ai réussi à le griller de quelques éclairs.

Le corps crépitant et fumant encore allongé sur le sol, il ne me restait plus qu'à ramasser le parchemin et à le ramener à l'elfe pâle.

Voilà, pour une mission, ce fût une sacrée mission.

Tes petits plats et tes mots d'amour me manquent atrocement ici.

Je t'aime !


Thoas.

Entre alors Durandill. Il est trempé, il semble avoir fait un long voyage et fait presque peur à voir. Il fait signe à Truk de lui servir quelque chose et s'approche de l'âtre, pose son sac et son bouclier à coté et tends ses mains vers les flammes. Après quelques minutes, il semble reprendre vie.

Truk dépose une choppe de grog à la cerise sur la table à coté. Le paladin hoche la tête dans sa direction. Aucun mot n'est échangé.

Après la première gorgée déjà, un mince sourire apparait sur les lèvres du nain.

Durandill passe la main sur son crane chauve d'un air las.

"Ho, bonsoir Dame Muhra".

Il obéit, pose sa choppe sur la table et s'assied. Il écoute la requête de la naine, reprend une gorgée de grog, ce qui redonne couleurs à son visage, et détermination à son regard.

"Vous semblez en savoir plus que moi, je n'ai pas revu le Haut-Thane depuis quelque temps. Il faut dire que j'ai été pas mal occupé. Je pensais le voir pour la cérémonie d'envol de Brylla, j'imagine que ce qui le retient doit être de la plus haute importance... Ce qui ne veut pas dire que ce soit dangeureux." ajoute-t-il en observant Muhra.

"Diriger un clan comme le notre, qui soutient l'Alliance sans en faire partie... La politique n'est pas mon rayon, mais c'est une tâche très prenante."

Il réfléchit un peu avant de conclure: "S'il vous a écrit, c'est qu'il va bien."

Il jette un rapide coup d'oeil à la lettre que tient Muhra dans ses mains, mais n'ajoute rien.

*Fili rentre en boitilliant, l'armure et le visage maculé de sang*

Encore une journé bien menée bon s'te plait un rafraichissement l'ami !! J'ai grand soif, après m'être battue tout là journé dans la neige !!

*enlève ses gantelets qui brillent et s'essuit le visage recouvert de sang*

merci pour la biere bon brave Turk, maintenant j'vais allez faire une petit sie... Oups j'vous avez pas vu d'quoi vous causez?

Euh le sang il est pas a moi *sourit bêtement*. La seul blessure que j'ai c'est un bleu au genou, me suis cogné le genou contre un rocher que j'avais pas vu...

*prend la lettre et là regarde tranquillement*

Qu'elle sont vos crainte exactement dame Muhra?

Thordrim qui somnolait près de Meshuggäh ouvre soudain un oeil au bruit de ferraille provoqué par l'entrée de Fili

L'oeil encore encore embrumé, il jette un regard lourd de reproche à Fili pour avoir troublé son sommeil et soudain réalise que celui-ci tient une lettre dans ses mains souillées de sang encore frais ...
L'haleine encore lourdement chargée du parfum de la bière engloutie quelques heures plus tôt, il s'exclame :

"Fili !!! Bon sang, non seulement tu me sors de la douce torpeur dans laquelle je me trouvais mais en plus tu ose mettre tes pattes dégoulinantes de sang sur cette lettre !"

Soudain, il avise Muhra à coté de Fili et radouci le ton

"Oh bonsoir Muhra"

puis voyant la lumière de l'aube pointer par une meurtrière de la forteresse

" ... ou bonjour, devrais-je dire"

S'apercevant que cette dernière à l'air inquiète et attend un réconfort de la part de Fili

"Muhra ? Qu'est-ce qui vous tourmente donc à ce point que vous laissiez une missive fragile dans les mains de Fili ?"

Satisfait par la promesse de la naine, Thordrim reprend

"Je connais cet Akama dont il est question dans la missive de votre époux. Sachez que c'est lui-même un roué et qui plus est, celui-ci est au service du Maître du Temple Noir, Illidan, tout comme les autres roués des ruines de Baa'ri qu'a affronté Thoas ..."

Thordrim lit soudain une peur indicible dans le regard de Muhra

" ... mais, et c'est pour celà que je voulais votre silence, ce n'est qu'une couverture afin que les Cendrelangues, c'est le nom de ce clan de roué, puissent mieux surveiller les faits et gestes de leur Maïtre. Et celà jamais Illidan ne doit l'apprendre ou s'en serait fini du clan d'Akama !
...
Votre époux n'a donc rien à craindre de lui mais plutôt des quelques sbires démoniaques qui garde un oeil sur ce roué ...et contre eux, je suis sur que Thoas sera à la hauteur."

"Je pense que si il ne vous a pas donné plus de nouvelles c'est qu'il doit être en contact en ce moment même avec Akama et qu'il serait risqué pour eux qu'une missive circule et risque d'être interceptée par des agents d'Illidan"

"Si celà peut vous rassurer sur la compétence de votre mari à revenir de cette mission, sachez, Muhra, que je serais prêt à le suivre partout où il voudrait que j'aille, même dans le lieu le plus noir d'Outreterre."

Thordrim, repensant à la mention des dragons, arbore alors un large sourire narquois, ce remémorant une soirée de contes

"Il n'aura rien à craindre non plus du vol du néant si il ne s'était encore assoupi au début de la petite histoire que je vous avais conté de mon amitié avec eux..."

puis reprenant l'air sérieux et le regard plein de compassion pour la jeune naine

"Muhra, vous êtes l'épouse du Haut Thane des Aigles et si vous le désirez, je peux me rendre en la vallée d'Ombrelune prendre de ses nouvelles si Thelis pense que celà ne nuira pas à sa mission."

Thordrim se redresse, ses nombreuses rides s'estompent et n'a, d'un coup, plus du tout l'air embrumé

"Le voulez-vous ?"